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Dernier film vu au cinéma

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Message par surfeur51 Jeu 7 Nov - 17:20

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Message par Hotkiller Ven 8 Nov - 16:37

Allez j'inaugure le topic...!

Dernier film vu au cinéma 1573225696-belleepoque

LA BELLE EPOQUE

Résumé: Marianne et Victor, la soixantaine, vivent encore ensemble même si cet « ensemble » ressemble plus à du côte à côte désormais. Un fossé les sépare mais Victor se voit proposer par une société gérée par un ami de son fils de revivre un moment favori de sa vie passée avec décors, costumes et comédiens. Victor décide que ce moment sera le 16 mai 1974…le jour où il rencontra Marianne….

Note : 8/10

Avis artisitique
« Now the fuckin’time !!!! »
Oui, pour reprendre la phrase d’O-Ren Ishii (Lucy Liu) dans Kill Bil Vol. 1, il est temps ou plutôt il était temps, il était plus que temps de voir enfin un film français qui marquera dans le bon sens cette année 2019.
Parce que oui, La belle époque est un bon film, un très bon film français, un film qui fait du bien, et l’on se plaît à croire que la qualité existe encore dans ce pays qui a inventé le cinématographe.

Qualité du scénario et des personnages d’abord : derrière tout bon film il y a nécessairement une bonne histoire. Et celle-ci est exemplaire. En nous contant l’histoire de ce couple usé par le temps dont la vie est remplie de remarques acides l’un envers l’autre, le point de départ du film est l’usure du temps, l’usure du couple qui ne se supporte plus, l’usure de l’amour.
Et cette usure insidieuse devient rapidement du fiel au risque que ce couple se perde et décide de se séparer.

Partant de là comment faire rebondir le truc et nous prendre par la main, nous spectateurs, en nous chuchotant « Viens…on va passer un bon moment» ? Pas si simple et donc l’histoire voit Victor se faire offrir la possibilité de revivre un moment important de son passé, un moment chéri juste histoire de faire échouer cette foutue nostalgie qui l’étouffe et l’a éteint. Parce que Victor est un personnage éteint, loin des matérialités et des techniques de communication contemporaines (à l’inverse de son épouse) mais il se laisse aller à pouvoir revivre un moment scénarisé de sa vie. Il choisit donc la date de sa rencontre avec Marianne, rencontre hasardeuse dans un café de Lyon, qui fut le début d’une longue et belle histoire. Victor se retrouve donc dans des décors de cinéma recréant l’année 1974 avec des fringues d’époque, l’hôtel modeste où il résidait, les gitanes posées sur la table basse de la chambre et sort rapidement déguster une Suze (bon sang qui boit encore de la Suze aujourd’hui lol?) au café La belle époque d’en face. Assis à sa table, Marianne arrive et il revit les dialogues de cette belle rencontre, ce fugace et intense moment de cristallisation amoureuse qui donne du sens à une vie.
Mais Victor a 60 ans et la comédienne qui interprète Marianne en a à peine 30, sa chevelure rousse et longue, la joliesse de ses traits et cette insouciance à la fois infantile et énergique des années 70 lui rappelle le lointain souvenir du jeune homme qu’il fut et qui sut un jour tomber amoureux…
Voilà pour l’histoire et je vous épargnerai le détail de ce qui suivra dans le film même si l’on se doute un peu de ce qui va se passer…

Cette histoire est simple et belle et tous les personnages sont à son service. En effet ces personnages sont nombreux : le fils de Victor et Marianne, l’ami de leur fils, Antoine (Guillaume Canet) qui organise l’événement en question, l’amant de Marianne (Denis Podalydès) et bien sur Margot, la petite amie d’Antoine qui se prête au jeu de Lady Marianne et ce qui les unit tous au fond c’est la quête de l’amour parce que l’amour est le moteur essentiel de l’humanité qui nous habite ou qui nous reste. Et l’amour c’est compliqué quel que soit l’âge ou la situation sociale. Et l’amour est multiple. Alors les intrigues se font et se défont sur un rythme soutenu : Marianne n’aime plus Victor et le trompe avec François, ex ami de Victor et dont la thérapeute n’est autre que Marianne elle-même. Margot aime Antoine mais Antoine est tyrannique et aime Margot d’une façon trop égoïste et blessante. Margot finira-telle par aimer Victor et qui choisira Marianne au final ? Il y a un côté très Feydeau dans ce film de par le rythme et la vitesse des dialogues. Et c’est là que se trouve la seconde qualité du film…

Qualité d’écriture : écrire une histoire c’est aussi avoir des dialogues percutants qui font mouche et sont au diapason de cette même histoire, qui la font avancer et qui donnent envie au spectateur de revoir le film parce que les répliques ont fusé trop vite pour toutes les retenir. Et là-dessus nul doute que cette Belle Epoque se laissera revoir sans état d’âme.
Mais l’écriture d’une telle histoire qui, je le répète, raconte la recherche de l’Amour perdu, c’est aussi savoir faire des moments de pause, savoir accrocher notre attention parce l’émotion doit être présente et tout l’art des dialogues sera de donner de la sensibilité sans jamais verser dans la sensiblerie. Et dans le cas présent, chapeau, les scènes « romantiques » sont bien amenées, justes et ponctuent régulièrement le film au meilleur moment qui soit.

Mais tout ce qui précède ne serait rien et le film de Nicolas Bedos serait une vaine tentative pour faire un grand film si pour porter tout cela il n’y avait pas une certaine…

…Qualité d’interprétation. Et y a pas mal de qualités qui se croisent dans ce tourbillon d’images. En premier lieu je dirais Fanny Ardant (la femme de Victor). Elle interprète cette femme qui a décidé d’oublier son mari tout en s’oubliant elle-même avec un curieux mélange d’humour et de sensibilité hors du commun. Elles est et demeure une très grande actrice. Daniel Auteuil est impeccable et fait partie depuis longtemps des grands comédiens français même si ses débuts dans les sous-doués ou « T’empêches tout le monde de dormir » n’auguraient pas nécessairement d’une carrière aussi prolifique que la sienne. Et enfin et surtout il y a Doria Tillier. Cette femme attire vraiment l’œil de la caméra dans son personnage car il est double : elle est une Marianne de substitution certes mais son jeu tout en finesse nous permet de comprendre qu’elle aurait adoré être celle de 1974 car l’amour de Victor est tel qu’elle ne le connaîtra sans doute jamais dans les bras d’Antoine.
Le reste des comédiens est à l’unisson même si Guillaume Canet reste toujours moyen (le mec n’a pas changé sa façon de jouer depuis la Plage !!) et Pierre Arditi fait du Pierre Arditi mais ça ne sauve pas son personnage parfaitement superfétatoire du point de vue de la narration. Si on avait pu l’éviter, le film n’en aurait vraiment pas souffert. Ce sera néanmoins mon seul bémol.

Alors voilà, merci M. Nicolas Bedos de m’avoir fait passer un délicieux moment de cinéma. Merci de votre scénario et de vos dialogues, merci de votre variation moderne sur la quête éternelle des sentiments, merci d’avoir fait croiser ces générations de comédiens dans un tourbillon amoureux à la fois léger et grave, merci d’avoir dépoussiéré à jamais la comédie romantique à la française et merci surtout de nous faire ressentir que seul un français eut été capable de réaliser un tel film. Preuve en est que l'usure des sentiments est facile à sublimer et qu'à défaut de talent certains préfèreront utiliser un chien stupide... Rolling Eyes


Dernière édition par Hotkiller le Lun 11 Nov - 18:14, édité 1 fois
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Message par surfeur51 Ven 8 Nov - 17:21

Très belle critique, argumentée et complète, comme d'habitude. J'avais repéré ce film, car j'avais bien aimé le "Monsieur & Madame Adelman" également de Nicolas Bedos, avec également Doria Tillier. Le ton général des deux films semble assez proche, si je décode bien ta critique, donc il y a de bonnes chances que celui-ci me plaise aussi. Mis sur ma wishlist...
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Message par Hotkiller Ven 8 Nov - 17:50

Je n’avais pas vu son premier film mais celui ci fut une belle surprise bien rafraîchissante. Donc effectivement, à ajouter à la wishlist direct.
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Message par snaky930 Ven 8 Nov - 20:05

Toujours au top l'ami Hotkiller ! Belle critique pour un film qui me fait également de l'oeil Smile

Comme Surfeur, j'ai beaucoup apprécié le premier film de Nicolas Bedos (vu à la TV cet été me semble t'il). Ce gars là a du talent (et sa jolie femme, pas moins Laughing ).
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Message par Hotkiller Lun 11 Nov - 18:13

Dernier film vu au cinéma 1573492021-aitr

ADULTS IN THE ROOM

Résumé : 2015 le parti Syriza prend le pouvoir en Grèce. Alexi Tsipras est nommé premier ministre. Elu sur la promesse de ne pas rembourser la dette qui étrangle son pays, son ministre des finances Yanis Varoufakis va devoir expliquer à toute l’Europe quel compromis il est possible d’envisager avec ses créanciers européens. Y parviendra-t-il ?

Note : 6,5/10

Avis artistique :

L’élection du parti de gauche indépendant Syriza en Grèce en 2015 constitua une magnifique bouffée d’espérance pour tout un peuple étouffé par le remboursement de sa dette et dont les services publics s’étaient effondrés du fait de conditions de remboursement trop austères et inflexibles, conditions elles-mêmes signées dans un document le Memorandum of Understanding (MoU) par le parti de droite au pouvoir avant l’élection.
Tsipras est nommé premier ministre et son ministre des finances doit désormais convaincre « la Troïka » (le triumvirat infernal que constituent la BCE, la Commission et le FMI) que la Grèce paiera sa dette mais qu’elle demande une réorganisation de celle-ci.
Pour les puissances financière la marge de  manœuvre est étroite : signer le MoU tel quel ou sortir de l’Euro.

Costa Gavras est le cinéaste du pouvoir, à la fois explicatif et dénonciateur, et de part ses origines grecques il semblait évident pour lui de réaliser un film sur ces cinq mois qui ont engagé la Grèce dans une spirale infernale pour des dizaines d’années encore.
Par sa filmographie, de Z à l’Aveu jusqu’à Missing, il filme les dérives des gouvernements, leur brutalité et souvent leur corruption et derrière toute sa filmographie on ne peut lui retirer ce tempérament qui, plus que de gauche se veut surtout testimonial et viscéralement humaniste.

Avec Adults in the room (le titre vient d’une réflexion de Christine Lagarde, présidente du FMI qui lâcha un « We need adults in this room » lors d’une réunion où les ministres des finances de la zone euro se chamaillaient entre eux alors qu’il s’agissait de sauver un pays, un peuple…), il nous convie à une tragédie grecque qui n’a rien d’antique cette fois mais qui est puissamment contemporaine, tragédie qui en quelques mois va sceller le sort de tout un pays.
Adapté du bouquin de Varoufakis qui raconta cette « épopée », le film de Gavras, à la différence d’autres films du réalisateur, est beaucoup moins romancé ou scénarisé et  si l’on peut lui trouver un simple reproche ce serait une approche quasi documentaire façon une production HBO. Ce n’est pas grave en soi mais quelques informations (façon texte en surimpression sur l’image) sur la Troïka, l’eurogroupe, qui sont-ils, comment fonctionnent les rapports de pouvoir entre eux etc.. auraient été plus qu’utiles.

Bon cela étant on comprend rapidement que le daron dans tout ça c’est uniquement l’Allemagne et son ministre des finances en la personne de Wolfgang Schäuble. Le gars est souple comme une barre à mine et dès le premier plan du film qui nous montre la victoire de Syriza, ce brave monsieur, tel Raymond Burr dans l’homme d’acier (oui la comparaison est hasardeuse mais le fauteuil roulant y est pour beaucoup !) déclare derechef « ils paieront ou ce sera la sortie de l’Euro ».

Partant de là le métrage va s’organiser autour de la personnalité de Varoufakis qui, quelles que soient les promesses, quels que soient les messages de sympathie va juste vivre cinq mois d’enfer au plus haut niveau. Et cet enfer se matérialise par la tournée européenne qu’il va organiser auprès des gouvernements pour expliquer les différents moyens de se sortir de l’impasse. Mais il n’aura rendez-vous qu’avec bassesse, hypocrisie et humiliations en tout genre, au premier rang desquelles la France et son si sympathique Ministre des Finances en la personne de Michel Sapin qui lui mettra bien à l’envers…et oui Yanis, tu aurais du le savoir, il y a bien longtemps que la France en matière européenne fait là où on (l’Allemagne) lui dit de faire. Et au final Varoufakis se retrouve tel un hamster dans une roue folle : il ne peut pas en sortir, il est obligé de continuer à cavaler car si la roue s’arrête c’est la mort de son pays.

Alors me direz-vous qu’est ce qu’on peut retenir en tant que spectateur et fan de cinéma ? Deux scènes principalement : une scène assez poignante où Varoufakis explique que si l’Europe ne l’aide pas, derrière ce sera le chaos parce que le troisième parti grec n’est pas un parti néo-nazi mais un vrai parti nazi. Qu’importe, le silence de dupes accueillant cette remarque portée comme un cri ne  réveille aucune conscience. Après tout si les banques allemandes et françaises sont sauvées qu’importe si demain des illuminés à croix gammée gouvernent légalement en Europe. La Grèce, c’est loin, la Grèce c’est là-bas en bas à droite donc on s’en fout puisqu’on n’a pas de frontière commune avec…édifiant. Et puis bien fait pour eux, fallait pas jouer les cigales de l’Europe depuis si longtemps (remarque véridique d’un ministre des finances de la zone euro)
Une seconde scène entre Varoufakis et Schäuble est elle aussi intéressante puisque le ministre grec en off records, tronche/tronche avec son homologue allemand lui demandera simplement si à sa place il signerait ce foutu MoU qui entérine l’étranglement de la Grèce sur plusieurs générations. Et la réponse de Schaüble est lapidaire : « En temps que patriote, jamais. Ils vont vous tuer, votre pays ne s’en remettra jamais… »
Dès lors on comprend tout, Varoufakis comprend tout, il aura beau multiplier les entretiens, les ronds de jambe, c’est un combat vain mais il lui reste une dernière carte, un dernier coup de poker. Un référendum demandant au peuple grec s’il désire signer le MoU, l’idée étant que si le Non l’emporte, même l’Europe ne pourra faire vaciller l’envie de tout un peuple. L’histoire on la connaît déjà : le non va l’emporter mais Tsipras se verra quand même obligé de signer le MoU et là le film de Gavras redevient plus « film » que documentaire. Dans une danse à la musique étourdissante l’ensemble de l’Europe, les puissances financières tournent autour du premier ministre jusqu’à la nausée. Les danseurs sont volontairement laids, c’est étouffant, il n’y a pas d’issue possible pour la Grèce et c’est un Tsipras vaincu et humilié qui finira sur l’ironique photo de famille.

Cette toute dernière partie du métrage redevient du Gavras dans ce qu’il a accompli de plus abouti dans ses films. La dénonciation est claire, le spectateur est interpelé et questionné à la façon de « Et vous qu’auriez-vous fait ? » mais le message de Gavras va aussi beaucoup plus loin. Il pose juste la question de la démocratie et de sa base fondamentale, savoir le respect du vote d’un peuple.

Porté par des comédiens principalement grecs et européens, le film ne leur laisse pas vraiment de liberté pour exprimer leur talent. Tous jouent correctement leurs rôles mais encore une fois, ils n’ont pas vraiment de liberté pour s’exprimer, encadrés qu’ils sont par la retransmission factuelle des évènements voulue par le réalisateur. Mais le job est fait et bien fait c’est bien là l’essentiel.

Costa Gavras, du haut de ses 86 ans ne nous offre peut-être pas son meilleur film mais reconnaissons lui au moins deux grandes qualités : d’abord d’être le cinéaste des consciences et surtout de l’interpellation des consciences et là-dessus sa dernière œuvre ne fait pas défaut. La seconde, c’est d’être un cinéaste de son temps. Quand dans Z il dénonçait le régime des colonels (tiens déjà la Grèce) son film faisait corps avec son époque et donc malgré son âge respectable ce réalisateur est toujours à l’écoute de son temps et de ses contemporains. Cependant, à peut-être ne plus prendre l’histoire par le petit bout de la lorgnette (en se basant sur une petite histoire vraie qui fait l’Histoire), la portée du message est peut-être moins intense tant ce dernier est axé sur la véracité des faits au delà du reste.

Il n’empêche que le film est à (a)voir parce que depuis la froideur des puissances de l’argent en passant par la grande braderie de fleurons tels les entreprises aéroportuaires grecs, les chantiers navals, le licenciement de nombre de fonctionnaires (moins 8000 médecins en deux ans dans les hôpitaux publics par ex.), l’hypocrisie des gouvernants, il nous fait juste prendre conscience qu’en tant que simple citoyen il est des débats qui nous dépassent. Mais qui nous dépassent vraiment puisqu’au final malgré un vote, celui-ci ne sera pas respecté et le film de conclure brillamment lorsque Tsipras va filer son pays à l’abatoir de l’eurogroupe: « Le peuple a été renversé ».

Quelle brillante et sarcastique ironie. Les pays dans lequel le droit de vote est interdit s’appellent des dictatures. Les pays dans lequel un vote populaire et massif peut faire changer les choses s’appellent des démocraties. Depuis 15 ans désormais n’oubliez jamais que si l’on vous demande d’être un citoyen européen c’est avant tout pour vous bercer d’illusions dans une magnifique et performante « démocrature » européenne.
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Message par snaky930 Mar 12 Nov - 17:14

Merci pour cette critique ! Avis tempéré donc Neutral
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Message par Hotkiller Mar 12 Nov - 20:23

En fait le film est très bien et très explicatif. Mais si l'on prend le cas de Missing qui raconte l'histoire de ce couple qui part au chili pour comprendre ce qu'il est advenu de leur fils quand Pinochet est arrivé au pouvoir, il y a une forme d'empathie naturelle qui se créée vis à vis des personnages. Et à partir de là Gavras va dénoncer la torture, la dictature, le mépris des règles de droit.
D'où cette réflexion dans la critique de la petite histoire qui fait la grande Histoire que nous n'avons pas dans le cas présent. Le film est trop factuel et à défaut d'empathie on "feel just so sorry" pour ce pays. Et je pense que s'il était parti d'un couple grec qui se retrouve dans la panouille parce que l'un a perdu son boulot et que l'autre voit son salaire diminué de 40% ça nous aurait peut-être plus parlé en tant que spectateur. Nous montrer en même temps les batailles de Varoufakis qui se démène pour son pays et les batailles de son peuple pour survivre aurait apporté une dimension beaucoup plus humaine que ce film quasi documentaire. Il n'empêche que si l'on s'intéresse au monde qui nous entoure ce film est néanmoins de salut public pour toute personne qui veut comprendre le monde dans lequel on lui demande de voter... Very Happy
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Message par Hotkiller Lun 18 Nov - 16:54

Dernier film vu au cinéma 1574091364-lm662

LE MANS 66

Résumé
1966. Le Mans. La mythique épreuve d’endurance française internationalement reconnue comme l’une des plus difficiles du monde est dominée par Ferrari depuis plusieurs années. Le constructeur Ford, en perte de vitesse commercialement, décide de relever le défi et de concevoir une voiture capable de battre Ferrari sur son terrain. Les artisans de ce défi : le préparateur moteur Carroll Shelby et le pilote d’endurance Ken Miles.

Note : 7/10

Avis artistique

Les films de course automobile, disons de vraies courses automobiles, ne sont pas légion et, considéré souvent comme un genre un peu mineur, le film de course et plus généralement le film d’exploit sportif est une vraie gageure tant il est parfois difficile de retranscrire à l’image toute la tension et tout le suspense d’un événement qui connaît une forme d’apothéose sur quelques secondes.

Dès lors ce qui fera la richesse du film ce sont les « à côtés » c’est à dire l’histoire des personnages, leur parcours et pas seulement la mise en tension dramatique de l’événement sportif lui-même. A ce titre, on pourrait citer l’excellent Rush d’il y a quelques années (racontant la rivalité Lauda / Hunt avec l’accident de Lauda au Nurburgring) par opposition au tout simplement raté « Le Mans » avec Steve McQueen. Cela étant avec un film lent et long, Mc Queen créait une icône intemporelle avec sa Heuer Monaco au poignet (plutôt que ses Rolex habituels) et les couleurs orange et bleue de la compagnie Gulf restent encore en nos mémoires.

Donc voilà, faire un film sur la course automobile n’est pas si facile et à part Grand Prix de Frankenheimer, le docu de Polanski dont j’ai oublié le nom sur le GP de Monaco de 71 et le pilote Jackie Stewart, le pré-cité Rush et peut-être le mièvre Jours de Tonnerre avec Cruise, pas ou peu de films n’ont su retranscrire véritablement vitesse, émotion et exploit (et si y’en a un qui parle de Michel Vaillant je le tape.. !). Et encore que dans la plupart des cas l’événement sportif est utilisé à base d’images d’archives insérées dans le métrage ce qui coupe considérablement le récit et qu’on a l’impression d’une sorte de placage de texture ou au final l’événement sportif sert juste de décor (voir dans ce sens le Virages avec Paul Newman qui n’est pas moins que l’histoire d’un pilote dont la passion le rendra cocu avec son rival).

Pour Le Mans 66 nous avons dans le cas présent la retranscription en intégral du combat légendaire que se sont livrés Ferrari et Ford. Bref, place au sport et à la course automobile uniquement. Mais ne vous méprenez pas, Le Mans 66 n’est pas un film de bagnoles vulgaire à la Fast and Furious et sa testo mal placée, non, c’est un film qui dépeint parfaitement une opposition, avec une histoire riche en rebondissements, les cascades qui vont bien et qui se borne juste à dire « pourquoi filmer des cascades à la con avec des Lamborghini qui traversent les baies vitrées dans des immeubles à Dubaï » quand la vraie histoire se suffit à elle-même ?

Donc en 1966 Ferrari domine les courses d’endurance et cela fait plusieurs années que les 24h sont au palmarès de la Scuderia. Carroll Shelby qui fut vainqueur en 59 des 24H sur une Aston Martin a du abandonner la course automobile pour des problèmes physiques. Il s’est alors reconverti dans la préparation de moteurs avec les sublimes Cobra tout en préparant les Muscle Cars de Ford sur la base de sa Mustang. C’est donc en 1966 que le charismatique Lee Iacocca (directeur marketing de Ford) vient le voir pour lui demander de concevoir une voiture de courses capable de battre Ferrari aux 24h. Les ventes du constructeur américain végètent et Iacocca réussit à convaincre Henri Ford deuxième du nom que l’image du constructeur doit être associée au « winning spirit » synonyme de réussite et de rêve. L’entreprise est ardue mais elle suppose deux choses : d’une part, la conception d’un moteur et d’une voiture hors normes. Et d’autre part, un pilote suffisamment talentueux pour s’asseoir derrière le volant. Ce sera la Ford GT40 et Ken Miles.

Le métrage est construit en trois parties distinctes avec d’abord la présentation des protagonistes et leur histoire, l’entreprise de création, les échecs et les difficultés pour finir avec le duel tant attendu sur le circuit de la Sarthe.
Un peu à la manière du très bon Borg/MacEnroe qui nous retranscrivait la mythique finale de Wimbledon en 1980 le film est donc construit de façon identique en décrivant précisément toute la conjugaison de talents qu’il a fallu mettre en œuvre pour finir avec ce duel homérique. En effet non seulement Caroll Shelby dut se battre pour imposer le pilote Ken Miles (genre de personnage totalement incontrôlable et parfois vindicatif mais doué d’un talent hors du commun) au point de risquer la totalité de son entreprise. Mais il nous montre également la lutte de pouvoir au sein de Ford pour imposer ce projet et tout le talent que Iacocca dut déployer pour convaincre le PDG de se lancer dans une entreprise à plusieurs millions de dollars avec un résultat totalement hypothétique.

Cela suffit-il pour faire de Le Mans 66 un bon film ?
Incontestablement oui d’un point de vue historique et oui d’un point de vue sportif. On se prend vraiment au jeu de cette rivalité et pour une fois on notera que les effets spéciaux sont très peu employés. Les bolides ont été reconstruits (les vrais propriétaires refusant de faire prendre le moindre risque à leurs joujoux de plusieurs millions de dollars), la scène de départ du Mans (avec les pilotes qui traversent en courant le circuit pour monter dans leur voiture) est superbe et avec la mythique ligne droite des Hunaudières, tout a été recréé en extérieur comme en studio et de ce point de vue là le film est une totale réussite.
Mais un événement sportif ne fait pas tout ou alors tout cela devient juste un film documentaire sans grande dimension émotionnelle. Et toute l’émotion tient dans la richesse et la profondeur des personnages. On pourra regretter que le métrage s ‘appesantisse un peu de façon récurrente sur les rapport de Ken Miles (le pilote) avec son fils mais on retiendra au final que Shelby et Miles avaient énormément de respect l’un pour l’autre malgré des rapports parfois chien/chat. Le capitalisme vieillissant de la Ford Company et l’appétit financier de ses cadres dirigeants est lui aussi assez bien personnifié et encore une fois le réalisateur laisse un peu de temps à « la petite histoire » pour s’intégrer parfaitement dans le decorum final. Donc de ce point de vue l’identification spectateur/personnage à l’écran fonctionne même si quelques longueurs ralentissent de façon régulière la narration du récit (scènes parfois inutiles ré-expliquant le non désir de Ford de prendre Ken Miles pour pilote notamment).
Et enfin, la troisième et dernière partie est elle aussi parfaitement maitrisée. Place au sport, aux traces d’huile, aux vapeurs d’essence et la gomme cramée sur l’asphalte (on en vient presque à regretter que le film ne soit pas présenté en Odorama !). Et il était temps car après tout nous attendons cela depuis déjà 1h45. Place à la course, désormais. Et là encore James Mangold, le réalisateur, maîtrise parfaitement sa caméra en multipliant les plans larges comme les gros plans des pilotes, les plans à ras du bitume comme les plans serrés sur les compte-tours des bagnoles qui s’affolent pour atteindre une certaine forme de dramaturgie assez unique dans l’histoire du sport que sera cette arrivée des 24h du Mans 1966. A ce titre je ne saurais que trop vous conseiller de ne pas googler cette course car le final est en tout point extraordinaire non seulement de par la véracité des faits sportifs mais aussi par cet espèce de coup de poing que nous prendrons en tant que spectateur à découvrir ce qui est arrivé, à découvrir l’injustice parfois froide du sport de haut niveau.

Donc le Mans 66 est un assez bon film qui mélange habilement la vérité historique, l’exploit sportif mais aussi l’humour (certaines scènes de la course sont vraiment drôles) et le réalisateur dont la filmographie est très éclectique (de Copland à Logan en passant par  Walk the line ou 3.10 to Yuma, on peut dire que c’est un spécialiste du grand écart) nous livre non pas un chef d’œuvre mais un film sportif de très bon niveau avec un vrai scénario et un récit constructif qui monte lentement en tension pendant 2h30. Y a du lourd niveau interprétation avec Bale et Damon même si on se plait à regretter ce qu’aurait pu donner le film qui fut un projet initial de Michael Mann avec Brad Pitt et Tom Cruise et dont le titre était Go for Hell (allusion au panneau que tendit Shelby en bord de piste à son pilote lors des ultimes minutes de la course et que l’on voit dans le film d’ailleurs).

Bref Messieurs-Dames, ne boudez pas votre plaisir, l’âge aidant y’a que le prix des jouets qui change…
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Message par surfeur51 Lun 18 Nov - 17:17

Hotkiller a écrit:[A ce titre je ne saurais que trop vous conseiller de ne pas googler cette course car le final est en tout point extraordinaire non seulement de par la véracité des faits sportifs mais aussi par cet espèce de coup de poing que nous prendrons en tant que spectateur à découvrir ce qui est arrivé, à découvrir l’injustice parfois froide du sport de haut niveau.

Si le film respecte la réalité, ce n'est pas la peine de regarder sur Google pour connaitre la fin dont je me rappelle très bien (c'était l'époque où je suivais les courses d'endurance, avant de passer à la Formule 1 dans les années Laffite puis Prost). J'avais déjà noté ce film avant ta critique, qui me confirme que ça vaut le coup. Comme toi, j'avais apprécié "Rush" et "Grand Prix", beaucoup moins "Jours de Tonnerre", malgré la présence de Nicole... I love you

Merci pour cette critique complète pouce
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Message par snaky930 Mar 19 Nov - 19:40

Voilà un film que je serai bien aller voir au cinoche ! Malheureusement, je regarde depuis tellement longtemps les films en VOST que je suis devenu totalement réfractaire à la moindre VF ! J'attendrais donc la sortie bluray Wink

En HS, j'ai vu Traîné sur le bitume, conseillé par l'ami Hotkiller, c'est, en effet, du très bon. pouce

Merci pour ta critique Merci
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Message par alamo Mar 19 Nov - 20:01

Je sors de voir le film en IMAX, impressionnant, on y est, et les rapports humains ne sont pas oubliés, les 2h30 passent sans problème (et ça fait longtemps que je n'ai pas dit ça). Je regrette un peu que le personnage de Matt, très peu fouillé par rapport à celui de Christian.
Quant à la fin, elle m'a surpris pour un film hollywoodien...

Je ne vois les films qu'en VO chez moi, mais pour l'IMAX je fais un effort, l'image et le son compensent !

alamo

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