Top 20 : Le journalisme au cinéma
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Re: Top 20 : Le journalisme au cinéma
1. Spotlight (2015) de Tom Mc Carthy
Ce film raconte l'enquête menée par un groupe de journalistes sur le scandale impliquant des prêtres pédophiles dans la région de Boston. Cette équipe appelée spotlight publia un article à sensation en 2003 dans le journal Le Boston Globe qui lui valut le prix Pulitzer. C'est Tom McCarthy un cinéaste issu du cinéma indépendant et connu pour ses deux premiers films (The Station agent et surtout The visitor)qui est à l'origine du projet. Son scénario co-écrit par Josh Singer, resté longtemps en suspens, reprend avec une grande authenticité les détails de l'enquête.
.On pense à des films comme Les hommes du président sauf qu’ici on ne s’attarde pas sur la personnalité des journalistes et il n'y a pas la frénésie et la paranoïa présents sur le précédent opus. La plupart des scènes se déroulent dans les locaux du Boston Globe qui avaient été reconstitués en studio. La mise en scène est minimaliste avec souvent des plans d’ensemble et des champs contre-champs pour les dialogues. On ne recherche pas le sensationnel mais juste la vérité.
.Il faut dire que les évènements relatés sont tellement prenants qu’ils n’ont aucun besoin d’être agrémentés par des effets cinématographiques. Tour à tour les obstacles dus à l’administration religieuse et civile sont démontés par l’obstination des enquêteurs et lorsque l’énormité du scandale est révélée il n’y a pas de décision hâtive qui est prise. On va même jusqu’à retarder l’édition au risque de se faire doubler par un concurrent. Là encore c’est la solidité de l’argumentation qui prime sur le reste.
.Cet effacement devant la gravité du sujet se ressent aussi dans l’interprétation. Avec un tel casting on aurait pu s’attendre à des performances individuelles en vue d’une récompense. Mais visiblement le réalisateur a su tenir sa troupe et la diriger vers un souci de sobriété à l’image de Liev Shreiber, impeccable, qui incarne le vrai initiateur de l’enquête. Pour une fois Michael Keaton n’en fait pas des tonnes et Mark Ruffalo et Rachel McAdams sont assez convaincants.
.Pari osé mais réussi que de tout miser sur un scénario méticuleux et respectueux des faits alors que le scandale était connu du public depuis plus d’une dizaine d’années. Cet hommage au journalisme sera encensé par la critique et recevra des récompenses largement méritées (124 au total dont 2 Oscars et 3 Golden Globes).
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2. L’homme qui tua Liberty Valance / The Man Who Shot Liberty Valance (1962) de John Ford
Ce western de John Ford a quelque chose de particulier car pour une fois il n’y a pas les grands espaces ou les paysages de Monument Valley qu’il affectionnait tant. Tout est tourné en studio et de nombreuses scènes se déroulent dans l’obscurité. Cette rupture de ton annonce la fin d’un monde, celui de l’ouest sauvage régi par la loi du plus fort et des armes à feu qui va laisser la place à un univers policé dirigé par les politiciens et les journaux. Cette transformation est illustrée par les trois personnages principaux. Liberty Valance (Lee Marvin) est le représentant de l’ancien monde, il ne vit que grâce à son pistolet, tuant ceux qui se dressent en travers de son chemin. Ransom Stoddard (James Stewart), avocat idéaliste croit à la démocratie et au progrès. Tom Doniphon (John Wayne), cowboy au grand cœur qui croit aux vertus de la civilisation va se sacrifier pour permettre le changement.
.L’intelligence du scénario serait vaine si le réalisateur n’avait pas déployé tout son talent pour faire vivre cette histoire de la grande Histoire de l’Amérique. A 68 ans il montre toute sa science de la narration en utilisant des flashbacks emboités, sa virtuosité dans les compositions et les cadrages pour les scènes d’intérieur, se permettant de filmer la même scène du duel – le point d’orgue du métrage – à deux reprises avec des angles différents ce qui va bouleverser le déroulement de l’histoire.
.Pour la première fois John Wayne et James Stewart sont associés à l’écran. Si le deuxième se taille la part du lion, c’est bien le premier qui est le vrai héros. Mais la surprise vient de Lee Marvin qui a remplacé au dernier moment Ward Bond en raison du décès de celui-ci. On ne s’en plaindra pas car il est monumental dans un rôle de bad guy, à la fois veule et cruel. Vera Miles et Edmond O’brien complètent la tête d’affiche avec Woofy Strode et Lee Van Cleef pour un de ses premiers rôles dans un long-métrage.
.A travers ce western crépusculaire John Ford donne sa vision d’une Amérique qu’il aimait tant même si on sent de la nostalgie à travers la scène finale qui rend hommage aux héros qui ont permis de construire cette nation. Mais ceux-ci ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Témoin la fameuse sentence : Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende. Assurément une des meilleures créations de ce grand réalisateur.
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Re: Top 20 : Le journalisme au cinéma
3. Les hommes du président / All the president's men (1976) de Alan J. Pakula
Contrairement à Spotlight ce film est sorti peu de temps après les évènements qu'il relate (4 ans après le début de l'enquête). C'est Robert Redford qui est à l'origine du film. Après avoir acheté les droits du livre écrit par les deux journalistes Bob Woodward et Carl Bernstein du Washington Post qui ont mené l'enquête et révélé le scandale du Watergate, il demande à William Goldman (Butch Cassidy et le Kid - Marathon Man - Misery - Princess Bride...) qui avait déjà travaillé pour lui d'écrire le scénario et se lance dans la production du film. A la demande de la Warner il va incarner Bob Woodward à l'écran et persuade Dustin Hoffman de jouer le rôle de Carl Bernstein. Le casting est de haute volée avec Jack Warden, Martin Balsam, Jason Robards, Jane Alexander, Hal Holbrook...
Ce qui frappe le plus dans ce film, c'est la frénésie des journalistes, pas seulement des deux enquêteurs vedettes, tous collaborent à coups de téléphone, en recherchant dans des archives ou dans des bibliothèques, et souvent avec un petit calepin à la main. Pas d'internet ou de réseaux sociaux à l'époque. Tout passe par la voie orale, les interviews sont parfois surprenantes et montrent des gens qui ont commis des actes répréhensibles sans s'en rendre compte ou en voulant rendre service. Le contact humain est omniprésent y compris dans les réunions de la rédaction. Pakula avait obligé les acteurs à séjourner au Washington Post pour qu'ils s'imprègnent des méthodes de travail si bien qu'on a vraiment l'impression d'être dans les vrais locaux d'un grand journal alors qu'en fait une partie de ceux-ci avaient été reconstitués en studio.
On est impressionné par la rigueur du travail, Les journalistes sont constamment à la recherche de confirmation de leurs sources et font preuve d'ingéniosité pour les trouver. L'intervention de la source surnommée "gorge profonde" apporte un supplément d'intérêt avec le sentiment de paranoïa savamment distillé par la mise en scène. Il faudra attendre près de 30 ans pour apprendre l'identité du mystérieux informateur qui en fait était le sous directeur du FBI, parfois la réalité dépasse la fiction.
Ce film reste une référence pour les enquêtes journalistiques. Beaucoup d'autres ont suivi mais bien peu ont atteint ce niveau d'immersion grâce à la mise en scène et des acteurs au sommet de leur art.
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Re: Top 20 : Le journalisme au cinéma
4. La déchirure / The killing fields (1984) de Roland Joffé
C’est un des rares films sur la dictature des Khmers rouges qui a dévasté le Cambodge pendant quatre ans, un holocauste qui a causé la mort de près de 3 millions de cambodgiens dans des conditions atroces.
On y suit un journaliste américain du New York times, Sydney Shanberg (Sam Waterston), chargé de couvrir les évènements se déroulant à Phnom Penh et de son assistant cambodgien, Dith Pran (Haing S. Ngor). La première partie du film se déroule dans la capitale lors de sa prise par les Khmers rouges. Shanberg essaie vainement de faire évacuer Dith Pran qui lui a précédemment sauvé la vie. Celui-ci sera fait prisonnier et essaiera de survivre dans des conditions inhumaines imposées par ses tortionnaires. Cette aventure transformant le métrage en survival est de loin la partie la plus captivante et la mieux traitée.
Avant que Sydney Shanberg ne publie ces aventures dans un livre qui lui valut le prix Pulitzer, David Puttnam, le producteur de Midnight express décide de porter ces faits à l’écran. Il confie la réalisation à un jeune réalisateur britannique, Roland Joffé, qui jusque-là n’avait œuvré qu’à la télévision. Le scénario est lui aussi écrit par un néophyte, Bruce Robinson. Ne voulant pas de stars dans le casting Puttnam réussit à décourager Dustin Hoffman qui voulait à tout prix le rôle principal. Pour le rôle de Dith Pran, il fit appel à un non-acteur rescapé des camps de Pol Pot, le docteur Haing S. Ngor auteur d’une interprétation remarquable et émouvante qui lui valut d’ailleurs un oscar.
La grande force de ce film est le soucis de réalisme ce qui n’empêche pas l’horreur des massacres et du traitement des prisonniers avec les images terribles des enfants soldats et des charniers. Des images qui restent gravées dans l'esprit même plusieurs années après leur visionnage. Par contre le deuxième thème traité, l'amitié entre les deux journalistes, est beaucoup moins réussi avec des séquences typiquement hollywoodiennes. Malgré cela le film eut un grand succès à sa sortie aussi bien auprès des critiques que du public et garde encore aujourd'hui toute sa charge émotionnelle.
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Re: Top 20 : Le journalisme au cinéma
5. Zodiac (2007) de David Fincher
Quand on propose à David Fincher de réaliser un film basé sur l'enquête du tueur du zodiaque, celui-ci est tout de suite intéressé car il a dans sa jeunesse été marqué par cette affaire qui a secoué une bonne partie de l'Amérique sur plus d'une décennie. A l'origine du projet se trouve le scénariste James Vanderbilt qui a adapté les romans du journaliste Robert Graysmith, directement impliqué dans l'enquête.
C'est Jake Gillenhaal qui interprète le journaliste Robert Graysmith illustrateur au San Francisco Chronicle. Amateur de rébus et casse-têtes il va se lancer dans le déchiffrage du message envoyé par le tueur au journal et sa vie va basculer, la recherche du coupable devenant une obsession. L'autre journaliste, Paul Avery (Robert Downey Jr.), chargé de l'affaire, va coopérer avec lui. Pour incarner l'inspecteur David Toshi c'est finalement Mark Ruffalo qui héritera du rôle après les défections de Daniel Craig et Brad Pitt. A noter que c'est ce policier qui inspira Steve McQueen dans Bullitt et que c'est cette affaire dont s'inspire le film L'inspecteur Harry.
On pouvait attendre du réalisateur de Se7en une mise en scène ostentatoire et des effets visuels stylisés mais il n'en est rien. Après un an et demi de recherches, d'interviews - il est même allé se renseigner auprès des victimes encore vivantes - il nous livre une œuvre réaliste dans la veine de Les hommes du président. Certes il y a plusieurs séquences qui reproduisent les attaques du tueur en série, mais uniquement celles où un témoin a survécu. Car ce n'est pas le personnage du tueur qui intéresse Fincher mais le bouleversement de la vie et de la personnalité des enquêteurs induit par l'obsession de la recherche de son identité ainsi que la surmédiatisation de l'affaire. L'image du tueur perçue par la société devient plus importante encore que le tueur lui-même. La longueur du film est à l'image de celle de l'enquête qui s'étale sur plus de vingt ans. Utilisant de nombreuses ellipses temporelles, la narration linéaire se poursuit sans jamais baisser de rythme et toujours avec un soin méticuleux pour aboutir sur une impasse ou tout le désarroi des investigateurs se transmet au spectateur.
Avec ce film quasi documentaire David Fincher montre toute l'étendue de son talent bien soutenu par des acteurs qui brillent dans la sobriété.
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Re: Top 20 : Le journalisme au cinéma
6. Un jour sans fin / Groundhog Day (1993) d'Harold Ramis
Cette comédie touche à bien des genres (romance, fantastique, philosophique) et cela elle le doit à un scénario très original basé sur une boucle temporelle. Un homme égoïste et cynique est condamné a revivre sans cesse la même journée. Il va en profiter pour faire tout ce qu'il n'avait pas eu l'occasion de faire précédemment dans sa vie et surtout de s'améliorer. Cette idée, on la doit à un écrivain, Danny Rubin, qui essuie plusieurs refus avant que son scénario n'atterrisse dans les mains d'Harold Ramis qui se montre intéressé mais qui veut le remanier pour amplifier l'aspect comique. La réécriture sera longue et complexe d'autant plus que Bill Murray, ami d'Harold Ramis, veut lui aussi apporter son point de vue soucieux de faire évoluer son image auprès du public. Le résultat final est un parfait équilibre entre comédie et romance qui vaudra l'estime des critiques et du public ainsi que le BAFTA du meilleur scénario. Cette idée de la boucle temporelle a été reprise depuis dans de nombreux autres films basés sur le fantastique ou la SF (L'armée des 12 singes - Edge of tomorrow - Triangle...) mais n'a jamais été exploitée aussi intelligemment.
Mais un scénario aussi bon soit-il n'est pas forcément gage de réussite. Ici elle est bien présente et elle le doit à son interprète principal. Bill Murray, qui pourtant était en désaccord avec le réalisateur, donne le meilleur de lui-même. Alors que son personnage est carrément antipathique au début du métrage, son charisme fait qu'il n'est pas rejeté par le spectateur et qu'il va finir par emporter l'adhésion. Quelle que soit la situation de départ, comique ou tragique, cela finit par un immense éclat de rire. Certaines scènes comme la série de gifles distribuées par Andie McDowell sont jouissives. Même les tentatives de suicide par leur répétition et leur rythme entrent dans le processus comique. La radieuse Andie McDowell apporte le complément parfait à cette romance ô combien agréable.
Même si ce n'était pas le but avoué du scénario, le métrage véhicule un message philosophique car c'est quand Phil décide d'être naturel après avoir essayé toutes les autres voies que la situation se dénoue. Et mêmes si les ressorts comiques ne sont pas nouveaux ils fonctionnent parfaitement et font de ce film une vraie réussite.
zardi- Messages : 1880
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Re: Top 20 : Le journalisme au cinéma
Très bonne critique, mais l'exemple du film qui fait que je n'ai pas participé à ce quiz...
A part le fait qu'il est présentateur (est-ce vraiment un journaliste ?) quel est le rapport avec le journalisme ?
Bon, j'adore ce film, multi visionné.
A part le fait qu'il est présentateur (est-ce vraiment un journaliste ?) quel est le rapport avec le journalisme ?
Bon, j'adore ce film, multi visionné.
alamo- Messages : 865
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Re: Top 20 : Le journalisme au cinéma
Je pense avoir compris ce que tu reproches (le mot est peut-être trop fort) au sujet de ce top, mais comme je l'avais précisé lorsque je l'ai lancé j'ai fait un choix. Si j'avais restreint la sélection aux films dont le sujet principal est le journalisme. on aurait eu une liste de moins d'une cinquantaine de films dont beaucoup ne sont pas connus de nombreux cinéphiles (par exemple : Another day of life - Sympathie pour le diable - War photographer - Welcomme to Sarajevo ...) C'est pourquoi j'ai étendu la sélection aux films où intervenait le thème du journalisme sans qu'il soit principal.
Si je ne l'avais pas fait des films comme L'homme qui tua Liberty Valance, Le bateau, Monsieur Smith au sénat, The Red Riding Trilogy : 1974 n'auraient pu être cités, même La déchirure aurait été discutable.
En ce qui concerne Un jour sans fin, l'équipe de télévision vient faire un reportage sur une manifestation folklorique. Le personnage incarné par Bill Murray est quand même censé être un reporter. Que penseraient tous les journalistes qui viennent au festival de Cannes si on leur disait qu'ils n'en sont pas ?
Pour moi le but d'un top n'est pas de classer des films mais d'animer, de faire participer et de faire découvrir des films. Vu le nombre de sujets déjà abordés le choix devient restreint et il me parait obligé de choisir des thèmes qui effectivement peuvent prêter à discussion.
Si je ne l'avais pas fait des films comme L'homme qui tua Liberty Valance, Le bateau, Monsieur Smith au sénat, The Red Riding Trilogy : 1974 n'auraient pu être cités, même La déchirure aurait été discutable.
En ce qui concerne Un jour sans fin, l'équipe de télévision vient faire un reportage sur une manifestation folklorique. Le personnage incarné par Bill Murray est quand même censé être un reporter. Que penseraient tous les journalistes qui viennent au festival de Cannes si on leur disait qu'ils n'en sont pas ?
Pour moi le but d'un top n'est pas de classer des films mais d'animer, de faire participer et de faire découvrir des films. Vu le nombre de sujets déjà abordés le choix devient restreint et il me parait obligé de choisir des thèmes qui effectivement peuvent prêter à discussion.
zardi- Messages : 1880
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Re: Top 20 : Le journalisme au cinéma
Loin de moi l'idée de critiquer le lancement de cette animation, la preuve, j'y participe très modestement.
On ne va pas entamer une discussion sur qui est journaliste ou qui ne l'est pas mais bon, les présentateurs tv ne sont pas de journaliste pour moi.
NB : cela m'énerve qu'à la radio, on cite le correspondant et maintenant le technicien qui tenait le micro. Bientôt comme au cinéma : le chauffeur de M. Cruise, le jeune qui lui apportait ses bouteilles d'eau sur le tournage...
On ne va pas entamer une discussion sur qui est journaliste ou qui ne l'est pas mais bon, les présentateurs tv ne sont pas de journaliste pour moi.
NB : cela m'énerve qu'à la radio, on cite le correspondant et maintenant le technicien qui tenait le micro. Bientôt comme au cinéma : le chauffeur de M. Cruise, le jeune qui lui apportait ses bouteilles d'eau sur le tournage...
alamo- Messages : 865
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Re: Top 20 : Le journalisme au cinéma
7. Le gouffre aux chimères / Ace in the hole / The big carnival(1951) de Billy Wilder
De son propre aveu ce film était celui que Billy Wilder préférait de sa riche filmographie et pourtant il a été son plus cuisant échec commercial, bien qu'il fut récompensé à la biennale de Venise. On pourrait penser que la cause de cet insuccès était due à la fin de sa collaboration avec le scénariste Charles Brackett, source de chefs-d'oeuvre comme Assurance sur la mort, Le poison ou Boulevard du crépuscule. Il n'en est rien, le statut de grand film sera reconnu aux USA, après plusieurs dizaines d'année, comme il l'avait été en Europe. Le désaveu venait en fait du fait que le spectateur se sentait visé par la critique acerbe du métrage.
Inspiré par deux faits divers qui avaient défrayé la chronique en ayant attiré l'attention de la presse et de la foule, un homme piégé dans une grotte et une fillette tombée dans un puits, le scénario co-écrit par Walter Newman (L'homme au bras d'or) dresse le portrait d'un journaliste avide de succès qui va profiter d'un accident pour écrire des articles à sensation au détriment de la victime. Kirk Douglas, qui venait de gagner ses galons de star grâce au film Le champion, réalise une composition exceptionnelle en incarnant Chuck Tatum, ce chasseur de scoop alcoolique et violent qui ne recule devant rien pour obtenir le succès.
Les autres personnages ne sont guère plus reluisants. L'homme bloqué dans la grotte voulait voler des vestiges indiens, sa femme (Ian Sterling excellente elle aussi) est de mèche avec Tatum au détriment de son mari, le shérif accepte tous les compromis afin de se faire réélire. Mais le pire est le comportement des "touristes" avides de sensation qui viennent se délecter des malheurs du sinistré. La mise en scène de Billy Wilder est exemplaire, traquant le moindre détail, montrant la foule et les activités foraines comme une fourmilière, jouant avec la lumière sur les visages dans les scènes d'intérieur et surtout filmant Kirk Douglas en contre plongée dans de nombreux plans pour montrer aussi bien sa force que sa déchéance à la fin du film.
Un film visionnaire qui a montré les travers d'une société avide de sensations fortes privilégiant le spectacle à l'humanisme
zardi- Messages : 1880
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Re: Top 20 : Le journalisme au cinéma
8. Le bateau / Das boot (1981) de Wolfgang Petersen
Regarder ce film est une expérience qui vous marque profondément. Contrairement à la plupart des films sur les sous-marins et il y en a de bons (A la poursuite d'Octobre rouge, Kursk, Le chant du loup...), l'accent n'est pas mis sur la virtuosité d'un commandant dans une salle propre. Non ici on est dans le désordre, la promiscuité et l'anxiété. Le film s'attarde souvent sur les visages des membres de l'équipage pour souvent y guetter la peur. Seules trois scènes ont lieu sur terre ferme, tout le reste se passe à l'intérieur du submersible. Malgré la longueur du métrage (3h 30) on ne s'ennuie pas tant la tension est maintenue et va crescendo, le moment le plus fort étant lorsque le sous marin en tentant de passer le détroit de Gibraltar s'échoue sur le fond.
La réalisation est sans fioritures et on se demande comment la caméra peut se déplacer dans ces corridors étroits où s'entassent les corps et les marchandises. Pas de propagande, le commandant (Jürgen Prochnow) s'il est fidèle aux ordres reçus, même quand ils sont débiles et envoient les marins à la mort, ne montre pas d'enthousiasme pour le pouvoir en place et on sent le décalage qu'il y a entre l'équipage et les autorités lors de la réception à Vigo. Ce qui fait la force du film est le soucis d'être au plus proche des hommes aussi bien pour des détails futiles que pour les moments d'extrême tension. Tous se dévouent à leur cause même s'ils n'ont guère d'espoir.
Porté par un thème musical dynamique qui intervient lorsque le sous-marin est en surface, on vit une odyssée qui fait de ce film un chef-d'œuvre.
zardi- Messages : 1880
Date d'inscription : 07/11/2019
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Re: Top 20 : Le journalisme au cinéma
Entièrement d'accord avec toi, ce film est très bon, et mérite sa place dans un top. J'avais établi ma liste avant que tu ne signales ce film, et je ne l'ai pas réintroduit parce que je le trouve quand même assez éloigné du thème, mais je suis tout à fait en phase avec ton analyse.zardi a écrit:8. Le bateau / Das boot (1981) de Wolfgang Petersen...
Porté par un thème musical dynamique qui intervient lorsque le sous-marin est en surface, on vit une odyssée qui fait de ce film un chef-d'œuvre.
surfeur51- Messages : 1953
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