Dernier film visionné

Chers camarades ! Dorogie tovarishchi (2020) de Andrei Konchalovsky - 8,5/10

Synopsis : Une ville de province dans le sud de l’URSS en 1962. Lioudmila est une fonctionnaire farouchement dévouée au Parti Communiste. Sa fille décide de participer à la grève d’une usine locale et les événements prennent une tournure tragique. Les autorités dissimulent la violence de la répression. Lioudmila se lance alors dans une quête éperdue à la recherche de sa fille disparue.

A 83 ans le réalisateur russe Andrei Konchalovsky montre qu'il n'a rien perdu de son ardeur pour le cinéma avec un film qui retrace un épisode sanglant de la période post stalinienne qui pendant trente ans a été cachée au peuple soviétique. Il s'agit du massacre de Novotcherkassk qui suivit une grève d'ouvriers causée par une augmentation du prix des denrées de base et d'une diminution des salaires.
Le cinéaste a l'intelligence de nous montrer ces évènements à travers le regard d'une femme faisant partie des cadres du parti local mue par une nostalgie intransigeante de la période stalinienne. Avec la disparition de sa fille qui avait participé à la grève, elle va être obligée de mettre en doute ses croyances face à son amour maternel.
Si le film montre l'incurie des dirigeants locaux et l'exaction du pouvoir, le réalisateur porte un regard non manichéen sur les gens de l'époque en montrant aussi bien la ferveur révolutionnaire que le désespoir face à la répression ainsi que les oppositions au sein du pouvoir.
Le métrage est porté par l'interprétation lumineuse de Yuliya Vysotskaya qui s'était déjà faite remarquer dans d'autres films du même réalisateur.
La photographie en N&B sans donner dans un esthétisme raffiné comme pour son film précédent Michel-Ange est claire et précise. De belles séquences parsèment l'œuvre notamment lors de la tuerie sur la place centrale.

Un film fort qui force le spectateur à se faire une opinion face à une tragédie qui ne peut rester ignorée.

Pilotes de chasse / Thunder Birds : Soldiers of the air (1942) de William A. Wellman - 6/10

Synopsis : Durant la Seconde Guerre Mondiale, Steve Britt, ancien pilote de chasse, est désormais chargé de former les nouvelles recrues. Parmi ses élèves, Peter Stackhouse, le fils de l’un de ses anciens camarades. Peter s’est engagé car il tient à servir son pays. Mais il a peur de l’altitude. Très vite, les deux hommes se lient d’amitié. Jusqu’au moment où ils tombent amoureux de la même femme.

Un film de commande et de propagande d'après une histoire de Darryl F. Zanuck lui-même. Si on retrouve la patte de Wellmann dans les scènes de pilotage le reste du film est curieusement sur un ton comique avec une histoire sentimentale qui met en jeu un triangle amoureux centré sur la belle Gene Tierney. Si on peut noter un bel usage du technicolor, on est déçu par l'intrigue aussi mince que du papier à cigarette et qui ne marquera la mémoire que le temps du visionnage.

zardi a écrit:Pilotes de chasse / Thunder Birds : Soldiers of the air (1942) de William A. Wellman - 6/10

Synopsis : Durant la Seconde Guerre Mondiale, Steve Britt, ancien pilote de chasse, est désormais chargé de former les nouvelles recrues. Parmi ses élèves, Peter Stackhouse, le fils de l’un de ses anciens camarades. Peter s’est engagé car il tient à servir son pays. Mais il a peur de l’altitude. Très vite, les deux hommes se lient d’amitié. Jusqu’au moment où ils tombent amoureux de la même femme.

Un film de commande et de propagande d'après une histoire de Darryl F. Zanuck lui-même. Si on retrouve la patte de Wellmann dans les scènes de pilotage le reste du film est curieusement sur un ton comique avec une histoire sentimentale qui met en jeu un triangle amoureux centré sur la belle Gene Tierney. Si on peut noter un bel usage du technicolor, on est déçu par l'intrigue aussi mince que du papier à cigarette et qui ne marquera la mémoire que le temps du visionnage.

Ah merde ! Je me le suis pris, adorant Wellman qui était un sacré bonhomme, en plus d'être un cinéaste tout aussi intéressant. Tu m'as refroidi du coup.

c2302t a écrit:
Ah merde ! Je me le suis pris, adorant Wellman qui était un sacré bonhomme, en plus d'être un cinéaste tout aussi intéressant. Tu m'as refroidi du coup.

Il est quand même agréable à regarder mais rien d'extraordinaire. C'est vraiment un film de commande.
Moi aussi j'apprécie beaucoup Wellman.

Au nom de la loi / In nome della legge (1949) de Pietro Germi - 7,5/10 (Vu sur Ciné +)

Synopsis : Un jeune juge de Palerme vient d'être nommé dans la petite ville de Capodarso. Zélé, il cherchera à combattre les injustices sociales, mais sera confronté aux divers intérêts locaux. Il devra notamment se heurter au notable de la ville, le baron Lo Vasto et à la mafia, représentée par Passalacqua.


Premier film italien évoquant la mafia (ici la mafia sicilienne) qui montre bien les mécanismes qui vont permettre à cette pieuvre d'étendre son pouvoir. On y découvre un microcosme bien particulier avec un notable qui s'est entouré d'une bande d'homme de mains et qui tient les responsables locaux sous sa coupe pour éviter toute enquête gênante. En parallèle une bande de tueurs terrorise la population pour faire régner une soi-disant loi archaïque respectant les traditions. C'est dans cet univers que débarque un jeune juge, magnifiquement incarné par Massimo Girotti, désireux de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière mais qui va vite déchanter.
Ce qui frappe au premier abord ce sont les paysages écrasés par le soleil dans un N&B très contrasté, l'opposition entre le faste de la demeure du baron et la misère des paysans avec leurs visages tristes et fermés, burinés par le soleil et la misère.
La confrontation entre le juge et le chef des bandits (impressionnant Charles Vanel) donne lieu à de rudes séquences avec des dialogues très bien écrits.
A part l'épilogue d'un angélisme invraisemblable le scénario fait penser à celui d'un western. Il faut dire que le collectif qui en est à l'origine est de qualité (on y trouve Mario Monicelli, Federico Fellini, Tullio Pinelli et Pietro Germi). Les meurtres et exécutions sont montrés avec un réalisme frappant.

Un film d'un réalisme crû qui a osé révéler au grand public un phénomène social qui submergera l'Italie.

Mustang (2015) de Deniz Gamze Ergüven - 8/10

Synopsis : C’est le début de l’été. Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre soeurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger. Les cinq soeurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.

Premier film de la réalisatrice d'origine turque Deniz Gamze Ergüven mais qui a longtemps séjourné en France (elle est diplômée de la Femis). Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il est féministe et engagé. On y voit cinq jeunes sœurs qui, contre leur gré, vont être transformées en femmes à marier.
Dans une première partie (la plus belle), on suit ces jeunes filles qui forment un groupe très uni et fusionnel malgré des personnalités très différentes. A l'opposé, les adultes paraissent étrangers à leur bonheur ne pensant qu'à sauver la face en respectant des traditions qui peuvent nous paraître archaïques. Peu à peu le film sombre dans le drame avec un côté thriller assez artificiel.
Ce qui fait avant toute la beauté de ce métrage c'est la qualité d'interprétation des jeunes actrices qui font preuve d'un naturel et d'une énergie débordante en particulier la plus jeune, Nur (Doga Zeynep Doguslu), une véritable révélation. L'esthétisme est au rendez-vous grâce à la photographie solaire pendant les scènes d'amusement le tout bien accompagné par la musique de Warren Ellis.

Un film d'une qualité exceptionnelle pour un premier long-métrage et dont la beauté des images de ces cinq sœurs vibrantes d'énergie et avides de liberté marque les esprits.

Ayant acheté lors des soldes le package des 4 films pour une bouchée de pain j'ai visionné ces 4 films.
Oceans' eleven - 8/10
Excellent film de braquage, même si certaines choses sont impossibles (poids des billets...), ça cabotine un peu, c'est bien fait.
Ocean's twelve - 4/10 (pour la pellicule et les vues de Rome)
Cela faisait longtemps (pas tant finalement) que je n'avais pas vu un film aussi ridicule : situations insensées, délais impossibles à tenir (déjà au départ réunir l'équipe en allant au 4 coins des states...), trucs totalement impossibles (soulever une maison en plaçant des vérins, je sais on peut le faire, mais avec 6 mois devant soi et du fric...), Etc.
Au bout de deux heures, on apprend que tout cela n'était que de la poudre aux yeux et que le casse s'était déroulé avant ! On se frotte les yeux : les gars savaient que c'était du pipeau mais continuaient a claquer du fric et à faire des trucs compliqués et fatigants pour rien !
ocean's thirtheen - 7/10
Pas mal, on revient au sources avec un braquage compliqué mais lisible. Passons sur les absurdités (Installer la foreuse du tunnel sous la manche en plein coeur de Las Vegas en mettant 3 cônes orange au bout de la rue, puis après qu'elle ait lâché, remettre une autre foreuse ! (celle du côté français...) là encore le délai est court, déjà les faire venir d'Europe...
Ocean's eight - 8/10
Presque aussi bon que le premier avec seulement des femmes (et un homme important, on l'apprendra à la fin, mais non crédité !!!) c'est une sucrerie agréable, les filles ont dû bien s'amuser !
Bref, à part le 12, une saga sympathique.

Même avis a part le second épisode Ocean's est une très bonne saga.

It's a free world (2007) de Ken Loach - 7,5/10

Synopsis : Angie se fait virer d’une agence de recrutement pour mauvaise conduite en public. Elle fait alors équipe avec sa colocataire, Rose, pour ouvrir une agence dans leur cuisine. Avec tous ces immigrants en quête de travail, les opportunités sont considérables, particulièrement pour deux jeunes femmes en phase avec leur temps…

Encore un film où le cinéaste britannique dénonce l'injustice sociale et le dérèglement du monde du travail. Ici c'est le monde des immigrés exploités ignoblement qui nous est décrit. S'il force un peu le trait en choisissant des situations extrêmes, il dénonce toutefois des pratiques qui existent réellement surtout en Angleterre où la régulation est moins stricte qu'en Europe.
Ce qui est singulier par rapport à ses autres métrages, c'est que le personnage principal n'est pas une victime mais bien le bourreau. A travers le portrait très réussi de cette femme au départ exploitée par des patrons amoraux et qui finit par utiliser les pires moyens pour gagner de l'argent en exploitant sans scrupule des gens au bas de l'échelle sociale, il montre la corruption engendrée par un système capitaliste outrancier.
Comme dans ses autres œuvres la direction d'acteur est de qualité et la mise en scène précise. Peu de temps mort, toutes les scènes sont efficaces et participent à la dramaturgie du film.

Un film qui sonne comme un avertissement sur la précarisation du travail, sujet repris et complété dans Moi, Daniel Blake et Sorry we missed you.

Au cœur de la nuit / Dead of night (1945) de Alberto Cavalcanti, Charles Crichton, Basil Dearden et Robert Hamer - 7,5/10

Synopsis : Les invités d’un tranquille cottage content chacun une histoire extraordinaire qu’ils ont vécue. Histoires de fantômes, de prémonition et de possession maléfique vont se confondre et amener la terreur jusqu’à chez vous.

Rares sont les films fantastiques de cette époque qui ont gardé le pouvoir de capter l'attention du spectateur, tant les progrès dans les technologies et dans les thématiques ont fait évoluer ce genre. Pourtant quand on regarde cette œuvre, on est pris par l'ambiance, la richesse des thèmes abordés et la cohérence du récit, ce qui est d'autant moins évident qu'il s'agit d'un film à sketches. Les cinq histoires présentées par des personnages différents sont remarquablement intégrées à l'histoire principale. Chacune aborde un sujet différent, prémonition, maison hantée, miroir maléfique, fantôme, schizophrénie. Deux d'entre elles, celles du miroir et du ventriloque sortent du lot et sont intelligemment séparées par un sketch à caractère comique qui fait baisser la tension.
Le twist final très réussi éclaire le film sous un jour nouveau.
La mise en scène si elle est très classique bénéficie de tout le savoir faire des studios Ealing en particulier pour les décors. Daniel Redgrave à la fois hallucinant et halluciné marque de son empreinte le dernier sketch qui ouvrira la voie à des films sur des poupées possédées comme Magic.

Ce film a marqué le public à sa sortie, influencé des séries comme Twilight zone et n'a rien perdu de son attrait.

La porte s'ouvre / No way out (1950) de Joseph L. Mankiewicz - 7/10

Synopsis : Brooks, un docteur noir, soigne John, blessé lors d’un hold-up. Mais lorsque ce dernier meurt, il est accusé du meurtre par Ray, le complice raciste. Brooks doit alors convaincre la femme du défunt de faire une autopsie pour être disculpé…

Clairement à charge contre le racisme, ce film aborde le sujet de manière frontale à travers deux personnages à la limite de la caricature. L'un (Sidney Poitier), jeune noir ayant réussi ses études de médecine a toutes les qualités, l'autre (Richard Widmark), violent et haineux a tous les défauts. Ce côté manichéen parait aujourd'hui exagéré mais nécessaire pour l'époque afin de créer un choc émotionnel sur les spectateurs peu habitués à voir les blancs et les noirs traités sur un pied d'égalité.
Sidney Poitier trouve là son premier rôle dans un long métrage et ne s'en sort pas mal mais c'est Richard Widmark qui crève l'écran avec un visage ravagé par la haine dans lequel s'inscrit un sourire sardonique et méprisant. Quand à Stephen Mc Nally, loin de ses rôles habituels de truand, il emporte l'adhésion en docteur sage et bienveillant.
Si ce n'est pas le meilleur film de Mankiewicz il n'y a pas grand chose à reprocher à la mise en scène efficace même si tout est tourné dans des décors de studio. Le rythme est soutenu et le suspens est au rendez-vous.

Un film bien fait avec une interprétation de qualité plaisant à voir et revoir.

La vie aquatique / The life aquatic with Steve Zissou (2004) de Wes Anderson - 7/10

Synopsis : L’océanographe mondialement connu Steve Zissou et son équipe partent pour une ultime expédition dont le but est la traque du mystérieux et insaisissable requin-jaguar. Rejoints par un jeune admirateur de Zissou, une séduisante jouranliste et son extravagante épouse, Steve et son équipe vont devoir affronter nombre de péripéties au cours de leur incroyable périple…

Un des rares films de Wes Anderson que je n'avais pas encore vu mais, c'est triste à écrire, je l'ai moins apprécié que les autres. Pourtant avec un tel casting on aurait pu s'attendre à une bien meilleure production. Si Bill Murray fidèle à lui-même surfe sur la réussite de La famille Tenenbaum tout en étant moins drôle de nombreux acteurs ne trouvent pas leurs marques comme Willem Dafoe et Jeff Goldblum. Anjelica Huston neutre au possible, Owen Wilson loin de sa performance de A bord du Darjeeling Limited, même Cate Blanchett n'est pas aussi rayonnante que  d'habitude. Mention bien pour la photographie lumineuse et la BO très originale.
Certes on retrouve l'imagination et le merveilleux qui caractérisent ce cinéaste mais le ton est moins enlevé que d'ordinaire et on a l'impression qu'à chaque séquence le film cherche sa voie oscillant entre aventure, farce et drame . Quelques séquences comme l'attaque de l'île des pirates viennent  plomber sérieusement l'atmosphère. On est loin par exemple de l'ambiance poétique de Moonrise kingdom ou loufoque de The Grand Budapest Hotel.

Pas un mauvais film mais on reste sur notre faim au vu des autres réalisations de ce cinéaste.