Top 20 Vos remakes préférés

1. King Kong (2005) de Peter Jackson

Ce film concrétise un rêve que Peter Jackson portait dès l'âge de 10 ans où il avait déjà tourné des séquences avec une petite caméra et des artefacts. Déçu par l'abandon du projet qu'il avait initié avec Universal en 1996, mais fort de son triomphe avec la trilogie du Seigneur des anneaux, accompagné d'une grande partie de l'équipe artistique qui l'avait soutenu il s'empresse de le relancer avec la même firme avec un budget conséquent (plus de 200 M de dollars).
Ce n'est pas la première tentative d'un remake du monument cinématographique que représente le film de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack et on pouvait craindre le pire après les déconvenues enregistrées précédemment par John Guillermin et les ratés japonais. Le scénario reprend la trame de l'original en le plaçant dans le contexte de la grande dépression ce qui permet une reconstitution réussie du New York de l'époque au début et à la fin du métrage. Toutefois ce n'est pas un copier coller. Dans la première partie qui dure une bonne heure le réalisateur prend son temps pour nous présenter les personnages et approfondir leur caractère. Au passage le marin intrépide interprété par Bruce Cabot est remplacé par un scénariste interprété par Adrien Brody qui semble beaucoup plus à l'aise dans des rôles dramatiques que dans celui d'aventurier même si sa performance ici est honorable. Par contre le choix de l'acteur Jack Black, habitué des rôles humoristiques, pour incarner Carl Denham, ce réalisateur prêt à tout sacrifier y compris des vies humaines pour sauver sa pellicule, est payant car l'acteur réussit une grande performance. Enfin on ne peut que se ravir de voir la belle Naomi Watts dans le rôle d'Ann Darrows. Sa spontanéité et son expressivité font merveille et on comprend que le grand singe ait pu craquer pour elle. On regrettera toutefois que Fay Wray à laquelle Peter Jackson voulait rendre hommage n'ait pu participer au tournage étant décédée juste avant son début.

 

Mais le clou du spectacle reste Kong. Reprenant le procédé de capture motion qui avait si bien marché pour la représentation de Gollum dans la trilogie de Tolkien, la société Weta digital créée par le réalisateur réussit un tour de force (à mon avis inégalé à ce jour) en créant ce gorille géant qui parait être vivant et plus vrai que nature. Cette performance n'aurait pas été possible sans Andrew Serkis qui reproduit parfaitement la gestuelle de l'animal (il avait poussé la perfection en allant au Rwanda pour étudier les mouvements des gorilles) et fait apparaître des expressions humaines sur son visage et dans son regard. On a droit ainsi à des scènes à la fois drôles et mélancoliques de toute beauté entre la belle et la bête.

 

Certes tous les effets spéciaux ne sont pas réussis mais leurs défauts sont relégués au second plan par la dynamique de la mise en scène. « Je ne fais pas des films pour que les gens aillent les voir, je fais des films que j'ai envie de voir ». Cette affirmation du cinéaste néozélandais se vérifie amplement dans de nombreuses scènes où la virtuosité côtoie un humour presque potache comme le combat avec les tyrannosaures, ce qui n'empêche pas parfois le film de basculer dans l'horreur la plus absolue comme la séquence des insectes géants au fond du canyon. Cette propension à la démesure est à la fois un atout et un défaut qui parfois vient casser le rythme du film mais qu'importe le spectateur y trouve son compte pour peu qu'il ne soit pas très regardant sur le sérieux des situations.

 

L'épisode final à New York est assez fidèle à l'esprit de l'original malgré la séance de glissade sur l'étang gelé et l'absence de l'attaque du métro, scène forte du premier opus. L'action se consacre sur la lutte au sommet de l'empire state building après une scène magnifique où Kong et Ann contemplent avec nostalgie le paysage comme s'ils étaient revenus sur Skull island. Le film se termine sur une épitaphe de Carl près du cadavre du singe géant : "Les avions n'y sont pour rien, c'est la belle qui a tué la bête".

 

Alors certes on ne trouve pas la poésie du film de 1933 mais malgré des imperfections et une durée un peu longue on ne peut pas rester insensible à cette aventure proposée par un magicien du grand écran. Pour moi le principal regret est la musique pas assez dynamique de John Newton Howard qui a remplacé au pied levé Howard Shore.

A noter pour ceux qui n'ont pas vu la version longue qu'on peut la trouver dans les éditions HD avec notamment la scène du marécage. On peut la visionner ici

La suite à plus tard

2. Titanic (1997) de James Cameron

Le film de tous les records. Avec 11 oscars il égale la performance de Ben-Hur de William Wyler et plus tard celle du Retour du roi de Peter Jackson. Le record au Box office avec près de 2,2 milliards de $ tiendra plus de dix ans et ne sera battu que par Avatar de James Cameron lui-même ! Record d'entrées dans de nombreux pays qui tient toujours en France (Plus de 21 M d'entrées). Comment expliquer un tel succès ? Cinq raisons essentielles paraissent évidentes : Le casting, la reconstitution, l'histoire, la musique et la post production.

Le casting : Cameron voulait des acteurs jeunes pour interpréter le couple vedette. C'est finalement Leonardo Di Caprio et Kate Winslet qui furent choisis après avoir envisagé d'autres acteurs (Macaulay Culkin. Matthew McConaughey et Chris O'Donnell, Gwyneth Paltrow). Alors qu'il n'était connu jusque là que pour des rôles dramatiques difficiles comme Gilbert Grape et Basketball diaries, le premier fut l'objet d'un véritablement engouement, la Di Caprio mania, qui en fit une idole provoquant la jalousie de certains décideurs ce qui lui valut de ne pas être nominé aux oscars! Il incarne à merveille ce jeune artiste insouciant qui veut croquer la vie comme lorsqu'il s'écrie "Je suis le roi du monde". Sa partenaire, même si elle ne bénéficia pas de la même ferveur fut consacrée par un oscar et devint un symbole pour toutes les jeunes femmes éprises d'indépendance. La justesse des choix pour le casting est remarquable, en particulier pour Billy Zane, Frances Fisher et Katy Bates mais ce qui fait la force du film est l'alchimie parfaite entre les interprètes du duo vedette.

 

La reconstitution : Soucieux de respecter dans  les moindres détails l'authenticité des images, James Cameron fit construire une maquette grandeur nature du paquebot enfin presque car seul le côté tribord par soucis d'économie fut réalisé. D'autres maquettes et décors furent aussi construites comme le grand escalier menant à la salle de réception, le pont supérieur ou la salle des machines. Ces reconstitutions étaient rendues possibles par la découverte de l'épave du Titanic que le réalisateur mit en images à travers plusieurs documentaires qui d'ailleurs furent à l'origine du projet. Il poussa le soucis du perfectionnisme jusqu'à filmer le départ du navire avec une caméra à manivelle pour faire croire à des images d'archives. D'énormes bassins permirent de tourner in situ les scènes du naufrage. Les coûts de production dépassèrent largement le coût de la construction du vrai Titanic et faillirent être fatal à la sortie du film qui ne se décida qu'au dernier moment. il fut même envisagé de transformer le film en série télévisée!

  

L'histoire : Quand on examine le scénario non seulement on constate sa richesse mais on constate que sa structure est basée sur la dualité et l'opposition.
Dualité dans les thèmes principaux, le naufrage du Titanic et la romance entre Jack et Rose. Dualité dans la présentation des personnages, Jack embarque avec son ami Fabrizio alors que Rose est accompagnée de sa mère. Dualité dans les époques, l'introduction se passe dans le présent avec Rose âgée alors que le reste se passe dans le passé pendant la traversée. Opposition entre les milieux sociaux, Jack est pauvre et cantonné au troisième pont, Rose et ses fréquentations sont riches et partagent les espaces réservés à la première classe. Opposition entre les deux prétendants, Jack est sincère et spontané alors que Cal est manipulateur et violent. Opposition entre les destinées, les nantis peuvent embarquer dans les chaloupes de sauvetage alors que les pauvres sont condamnés par des grilles. Rose va survivre alors que Jack va périr. On pourrait continuer indéfiniment tant les exemples sont nombreux. James Cameron a compris tout le parti qu'il pouvait tirer de ces doubles confrontations, de la tension qu'elles provoquent chez le spectateur et a réussi son pari de transposer Roméo et Juliette sur l'océan.

 

La musique : la bande originale de James Horner est devenue la bande originale orchestrale la plus vendue de tous les temps. Le musicien arrivera à persuader le réalisateur qui y était opposé à incorporer une chanson,  My Heart Will Go On chantée Par Céline Dion qui fut un succès mondial et récompensée par un oscar.

La post production : Outre le succès de la sortie en salle, le film a bénéficié d'une diffusion renforcée à la télévision et surtout d'une ressortie en 3D, 15 ans plus tard. La encore le succès est au rendez-vous car le réalisateur a repris le niveau d'exigence qu'il avait eu pendant le tournage.

3. Ben-Hur (1959) de William Wyler

Le plus grand film de l'histoire du cinéma annonce l'affiche, je ne sais pas si c'est vrai mais un des plus célèbres, c'est sûr. Noyé par une pluie de récompenses (11 oscars), il permit de renflouer la MGM qui était au bord du gouffre avec des recettes record et créa un vrai engouement chez le public malgré une durée de 3h30. Son succès lança la mode des réalisations à grand spectacle qui fleurirent dans la décade suivante. Il est l'œuvre d'un réalisateur très éclectique, William Wyler, qui avait fait les beaux jours de la Warner en enchaînant les succès. Réputé pour sa direction d'acteurs et pour l'utilisation des décors, il venait de tourner Les grands espaces un western magnifié par le cinémascope dans lequel s'affrontaient Gregory Peck et Charlton Heston. Il est donc normal de retrouver ce dernier au casting bien que d'autres stars du grand écran furent pressenties (Rock Hudson, Paul Newman et Burt Lancaster). On lui proposa de jouer le rôle de Messala qu'il refusa exigeant celui de Ben-Hur qu'il obtint. C'est l'acteur britannique Stephen Boyd, dont on peut saluer la performance, qui incarna le tribun qui trahit son ami d'enfance.

Ce récit épique est célèbre pour la scène de course de chars. Le décor grandiose représentant le cirque d'Antioche fut construit à Cinecittà où fut réalisé le film. Bien que le réalisateur ait été assistant pendant le tournage de la version de Fred Niblo, ce n'est pas lui qui dirigea l'équipe chargée de filmer la course, mais Andrew Marton un réalisateur hongrois spécialiste des films d'action. Les moyens utilisés furent gigantesques avec des caméras embarqués sur des chars d'autres embarquées sur des pick-up tournant près des chars. Le tournage de la course dura 3 mois.

Les acteurs furent soumis à un entraînement très dur pendant plus d'un mois pour arriver à maîtriser la conduite des auriges, des chars très lourds à quatre chevaux. Pour les moments dangereux de la course les acteurs furent remplacés par des cascadeurs portant des masques reproduisant leurs traits. Idée lumineuse au propre comme au figuré que l'attelage de chevaux blancs  pour le char de Ben-Hur qui permet de bien le suivre pendant toute la course.

L'autre moment fort est la bataille navale entre la flotte romaine et les pirates macédoniens. Beaucoup moins réussie que celle des chars notamment en raison de maquettes peu crédibles des navires, elle marque quand même l'esprit par cette vision des galériens suants sur leur bancs de nage. L'épisode avec Jack Hawkins, du naufrage jusqu'à la libération de Ben-Hur montre la encore la maîtrise visuelle du réalisateur, sa science de l'utilisation des décors et le non manichéisme de l'œuvre en montrant les romains sous un aspect plus humain.

L'intérêt du film n'est pas que dans l'aspect épique, l'aspect psychologique cher au réalisateur est présent dans le parcours de cet individu obnubilé par le désir de vengeance qui va surmonter tous les obstacles pour y arriver mais qui va finalement parvenir à pardonner. Il n'y arrivera que par la révélation provoquée par la crucifixion du Christ qui intervient dans plusieurs passages du film sans que l'on ne voie jamais son visage. Depuis le prologue correspondant à la naissance de Jésus jusqu'à la scène magnifique de la fin du film c'est un véritable fil rouge qui rend hommage au roman de Lewis Wallace, Ben-Hur : A Tale of the Christ, dont le film est adapté.

4. Le dernier des Mohicans (1992) de Michael Mann

Le roman de Fenimore Cooper a toujours nourri mon imaginaire. A l'âge de 8 ans je passais des heures à écouter un disque où le roman était raconté, je connaissais pratiquement les dialogues par cœur. Par la suite j'eu accès au roman lui-même, puis ce fut la version cinématographique avec Randolph Scott qui prit le relais jusqu'à ce qu'enfin arrive celle de Michael Mann, mais j'ai toujours gardé au fond de mon esprit l'histoire originale et éprouvé des réticences avec les adaptations qui prenaient des libertés avec elle. Voila peut-être pourquoi je n'ai pas incorporé ce film dans mon top alors que je l'apprécie beaucoup comme presque toutes les œuvres de ce réalisateur.

Il est amusant de savoir que Michael Mann a lui aussi été influencé tout jeune par le film avec Randolph Scott et qu'il a longtemps nourri l'idée d'en faire un remake. Le tournage a eu lieu en Caroline du Nord sur plus de vingt sites différents.

 

D'entrée le film nous plonge dans un dépaysement total avec les courses de Hawkeye et Uncas dans la forêt. La photographie de Spiletti nous fait découvrir de merveilleux paysages et nous plonge dans une nature exubérante. Cette introduction filmée avec dynamisme nous présente les trois personnages principaux formant une cellule familiale soudée. La première chose qui marque est que aussi bien Chingachgook(Russell Means) que Uncas (Eric Schweig) sont interprétés par de vrais amérindiens. la visite chez les colons permet de clarifier la situation avec la guerre entre français et anglais avec l'appui de tribus indiennes.

 

Vient ensuite la présentation des deux soeurs Cora (Madeleine Stowe) et Alice (Jodhi May) trahies par un indien Magua (Wes Studi) et sauvées par nos trois héros. A partir de cet épisode il n'y a plus un temps mort avec des bouleversements de situation incessants et plusieurs romances qui vont se développer. D'abord entre Cora et Hawkeye puis entre Alice et Uncas. Le réalisateur utilise au mieux les uniformes rouges des soldats anglais qui se détachent sur le vert des paysages. De belles séquences vont s'enchaîner, L'attaque de la colonne anglaise par les guerriers de Magua, la poursuite en canoë, la capture des deux soeurs, le sacrifice de Duncan, pour terminer par un  point d'orgue avec la bataille sur la falaise.

 

Contrairement à beaucoup de westerns, les indiens ne sont pas montrés sous un aspect caricatural. Ce ne sont pas les brutes sanguinaires qui tuent les hommes blancs par plaisir. Ce sont les anglais qui ont le mauvais rôle. Témoin Magua, pourtant assoiffé de vengeance après que sa famille fut massacrée par les soldats de Munro, il montre des sentiments humains envers Alice.
Enorme prestation de Daniel Day Lewis qui déborde d'énergie, beauté radieuse de Madeleine Stowe, charisme de Russell Means ne sont pas les seuls atouts de ce film. La musique de Randy Edelman et Trevor Jones à base d'air gaélique donne une ampleur dynamique aux scènes d'action.

5. The thing (1982) de John Carpenter

Bien qu'admirateur du film La chose d'un autre monde de Howard Hawks et Alfred Niby, John Carpenter n'a pas voulu faire un remake en reproduisant l'original mais au contraire il est revenu aux sources du roman qui l'avait inspiré. Quand Universal lui confie le projet, il est alors en pleine ascension avec quatre premiers films à succès et Il décide de prendre des risques et de faire une œuvre très personnelle basée sur l'horreur qui sera le premier volet de la trilogie de l'apocalypse.
Avec la collaboration de Rob Bottin c'est toute une galerie de créatures cauchemardesques qu'il va créer et mettre en scène. Pour la scène du vaisseau enfoui dans la glace il fait appel aux peintures de Albert Whitlock.

Mais The thing n'est pas seulement un film d'horreur c'est aussi un thriller où le suspense et la tension vont croissant. Si la première scène avec ce chien poursuivi par un hélicoptère où la musique faite de quelques notes crée une atmosphère angoissante, le réalisateur va prendre le temps de présenter les personnages qui vont par la suite s'affronter dans ce huis clos étouffant. A part Kurt Russell qui collabora souvent avec John Carpenter les autres acteurs sont peu connus mais jouent très bien leur rôle.

Ce qui fait la force du film c'est qu'on ne sait pas quels sont les personnages infectés par la chose et qu'on ne sait pas à qui on a affaire comme dans The invasion of the body snatchers de Don Siegel. Même dans la scène finale avec les deux survivants, le doute règne encore.
A sa sortie ce film n'eut pas le succès escompté, le public n'étant pas prêt à tant d'innovations dans le domaine de l'horreur. Ce n'est que par la suite qu'il devint culte et il est considéré maintenant comme un des chefs-d'œuvre du genre.