Décembre 2022 - Vos Visionages [notation expresse]

reno11 a écrit:

alamo a écrit:Revus :
- Notre-Dame brûle - 10/10 - en 4k Atmos, on sent la fumée.
:

Sans esprit polémique aucun , j'avoue que je suis assez interloqué.
Ou alors les notes n'ont pas le même sens pour chacun d'entre nous.
Notre-Dame brûle serait l'égal des quelques dizaines de films qui ont marqué l'Histoire du cinéma depuis les frères Lumière?
Notes-tu le film ou ton expérience du film?
L'occasion de lancer une petite discussion.

Sans esprit polémique aucun Je comprends très bien cette critique.

Je n'ai pas le talent de certains ici pour disséquer un film, critiquer avec pertinence (ou pas) le scénario, la mise en scène, le jeu des acteurs.
Mes notes sont donc en grande partie liées au ressenti de la vision d'une œuvre, vous le savez aussi la technique joue pour moi, j'ai donc une vision plutôt "grand public" que "cinéphile". Je me suis un peu "barbé" sur "Citizen Kane" considéré par beaucoup comme un des dix meilleurs films de l'histoire du cinéma.
Par contre, je trouve que "Notre-dame brûle" est très agréable a visionner : histoire bien menée (forcément ce sont des faits réels !) mais entre d'autres mains que celles de J.J. Annaud, cela aurait pu être barbant ou lénifiant. Film à hauteur d'homme (et de femme), on est avec les pompiers, avec ce pauvre type qui à la clef, et qui ne se souvient plus d'un code à trois chiffres ! Côté technique, des images somptueuses en vraie 4K, des trucages parfaits. Bref 10/10.

Je vais d'ailleurs enfoncer le clou en mettant 10/10 au "West side story" de Steven Spielberg vu hier en 4K Atmos !
Sans changer une note de musique (enfin je crois, je ne suis pas musicien) Spielberg nous offre son remake de WWS. C'est le même, mais c'est aussi autre chose, si les chansons sont les mêmes, leur ordre dans le film est différent, les chanteurs sont parfois différents (je veux dire les personnages), les acteurs pour la plupart, chantent en direct une partie des chansons. Spielberg raconte la même histoire mais modifie subtilement le déroulé ou les situations. (Le "mariage" se déroule dans une (fausse) église et pas dans atelier de couture). La chanson iconique "América" prisonnière de la surface du toit dans la version de R. Wise commence avec un personnage (Anita) seule dans son appartement et le nombre de chanteurs, danseurs va augmenter au fil d'une folle promenade jusqu'à occuper un immense carrefour !
Pour la technique, contrairement à beaucoup de films actuels où on a souvent des couleurs délavées ou surexposées, ici on est dans la splendeur avec toujours une petite lumière subtile dans un coin du cadre, ce qui n'empêche pas des plans (dans les travaux) grisâtres mais parfaitement exposés.
Pour finir, les acteurs : Le couple Maria/Toni est plus crédible que dans le film de Wise, on regrette forcément N. Wood, mais Rachel Zegler 'en tire très bien dans un rôle forcément plus "féministe". Pour les personnages secondaires, je suis plus réservé, R. Tramblyn et G. Chakiris m'ont manqué. Rita Moreno revient 60 ans après et on a un petit pincement au coeur...

Je ne vous laisse pas en rade après avoir lancé le débat hein.
D'autant que vos réponses m'ont beaucoup intéressé et je me verrais bien faire une petite relance.
Je me demande juste si on ne pourrit pas trop le fil de Snaky en en parlant ici

reno11 a écrit:Je ne vous laisse pas en rade après avoir lancé le débat hein.
D'autant que vos réponses m'ont beaucoup intéressé et je me verrais bien faire une petite relance.
Je me demande juste si on ne pourrit pas trop le fil de Snaky en en parlant ici

Vous avez ma bénédiction

reno11 a écrit:Je me demande juste si on ne pourrit pas trop le fil de Snaky en en parlant ici

Le titre du sujet comprenant "Notation expresse", ce n'est pas vraiment HS de discuter de cette notation..

Ok  , je vais rester sur la notation et ne pas me lancer dans une diatribe philosophico-cinéphilique.
Mon approche de la notation , et je rejoins en cela Surfeur et Zardi , nécessite d'avoir un minimum de recul sur soi-même. A savoir avec une idée à peu près claire de ses propos limites mais également sur l'idée même que l'on se fait du cinéma.
Par nature  , nous n'avons pas le même regard  , la même approche , ni les mêmes attentes ce qui a pour conséquence , à la lecture de la notation d'une autre personne peut créer une incompréhension liée à ce décalage.
Pour ma part , j'ai tendance à relativiser , dans la notation j'entends , mes propres émotions ou mon propre plaisir. Car ces émotions , ressenties ou non ne sont que le fruit de mes propres limites. J'en ai parfaitement conscience à chaque fois que je suis en situation de noter.
En partant de ce postulat , j'essaie d'évaluer sur des marqueurs aussi neutres que possibles même si l'objectivité absolue n'existe pas.
Ces marqueurs , vous les avez cités , mise en scène , scénario , acteurs etc..
Et au final , il m'arrive de mieux noter un film qui ne m'a pas emballé et que je n'aurais pas envie de revoir qu'un film qui me procure des émotions et que je considère comme un indispensable de ma dvdthèque.
L'exemple que je cite toujours est Conan le destructeur , que j'adore , mais qui ne vaut objectivement pas plus de 4/10 alors que La pendaison de Oshima , que j'ai vu une fois et qui ne nécessitera pas un second visionnage ni de rester dans ma dvdthèque (car le temps nous est compté) est noté par mes soins 6,5 ou 7 pour ses qualités formelles et scénaristiques.
Ca peut paraitre paradoxal voire d'avantage mais c'est une gymnastique à laquelle je m'astreins pour ne pas que le Moi (ego) prenne le pas sur le travail du cinéaste et des concepteurs du film.
C'est une démarche qui nécessite pas mal d'humilité et ce n'est pas toujours évident.
C'est pour cela que quand je te vois Alamo noter Citizen Kane 7,5/10 en disant : un peu surcoté.
Avec l'approche que je viens de décrire plus haut , je te trouve assez présomptueux
Ce film reste une référence 80 ans après sa sortie. Je doute que dans 80 ans , beaucoup de personnes parlent de nous.

Comme quoi on a tous une approche différente dans nos notations. A l'inverse de toi, je laisse parler mon ressenti émotionnel, en plus de la qualité technique. Un film peut me bouleverser sans être techniquement de haute volée. Il suffit juste qu'il aborde avec justesse des thèmes qui raisonnent en moi pour que ça déverrouille des portes. J'évite toujours d'aller dans l'analyse trop profonde(à moins d'être perturbé par un visionnage sans en connaître la raison).
Mais après je comprends ton raisonnement Reno.

Je privilégie l'aspect analytique par rapport à l'aspect émotionnel pour deux raisons essentiellement.

1) Pendant longtemps j'ai enseigné l'analyse filmique à mes élèves et c'est presque devenu un réflexe que de me concentrer sur la mise en scène ou le traitement du scénario quand je visionne un film. Bien entendu, pour la notation, il faut tenir compte de l'époque où a été tourné le film.

2) L'aspect émotionnel est très subjectif. Il dépend de nombreux facteurs tels que fatigue et état d'esprit du moment. Il m'est arrivé de trouver un film mauvais alors que je l'avais adoré dans ma jeunesse et le contraire est aussi vrai. Il y a aussi l'importance qu'on attache au charisme des acteurs qui influe énormément sur le ressenti (on ne peut s'empêcher d'avoir un à priori favorable quand un acteur ou une actrice qu'on admire est à l'écran).

c2302t a écrit:Comme quoi on a tous une approche différente dans nos notations. A l'inverse de toi, je laisse parler mon ressenti émotionnel, en plus de la qualité technique. Un film peut me bouleverser sans être techniquement de haute volée. Il suffit juste qu'il aborde avec justesse des thèmes qui raisonnent en moi pour que ça déverrouille des portes. J'évite toujours d'aller dans l'analyse trop profonde(à moins d'être perturbé par un visionnage sans en connaître la raison).
Mais après je comprends ton raisonnement Reno.

Je comprends le tien également.
On parle bien de notation et pas de l'approche générale du visionnage d'un film.
Pour moi , noter sur ses émotions (positives ou négatives) peut avoir un effet masquant sur les qualités intrinsèques du film.
C'est un avis parmi d'autres.
Tiens j'ai un exemple assez marquant récemment. J'ai découvert Les Larmes amères de Petra von Kant de Fassbinder cet été.
Que des émotions négatives , je ne suis pas parvenu à m'intéresser à la situation et aux personnages. Je suis resté à la porte en clair.
Néanmoins je reconnais de grandes qualités à ce film et considère que c'est moi qui n'ai pas su (ou pu) faire le chemin (voire l'effort) nécessaire pour accéder à ce qu'il pouvait me donner.
D'où une notation qui serait respectueuse de l'oeuvre et qui serait de 7 environ.

zardi a écrit:Je privilégie l'aspect analytique par rapport à l'aspect émotionnel pour deux raisons essentiellement.
Pendant longtemps j'ai enseigné l'analyse filmique à mes élèves et c'est presque devenu un réflexe que de me concentrer sur la mise en scène ou le traitement du scénario quand je visionne un film.

Interessant. Quelle était ta profession Zardi? (si ce n'est pas indiscret)

reno11 a écrit:

zardi a écrit:Je privilégie l'aspect analytique par rapport à l'aspect émotionnel pour deux raisons essentiellement.
Pendant longtemps j'ai enseigné l'analyse filmique à mes élèves et c'est presque devenu un réflexe que de me concentrer sur la mise en scène ou le traitement du scénario quand je visionne un film.

Interessant. Quelle était ta profession Zardi? (si ce n'est pas indiscret)

Prof de math et j'avais en plus quatre heures par semaine de cours sur l'histoire du cinéma et l'analyse filmique pour une option CAV. Mais ce qui m'a marqué le plus c'est la formation que j'ai eu au collège et au lycée par un prof de français qui a enseigné par la suite en Fac sur le cinéma et a participé à la création des rencontres internationales du film pour la jeunesse. Un esprit remarquable qui nous a initié à l'analyse des films. Depuis le virus ne m'a plus quitté.

reno11 a écrit:
Tiens j'ai un exemple assez marquant récemment. J'ai découvert Les Larmes amères de Petra von Kant de Fassbinder cet été.
Que des émotions négatives , je ne suis pas parvenu à m'intéresser à la situation et aux personnages. Je suis resté à la porte en clair.
Néanmoins je reconnais de grandes qualités à ce film et considère que c'est moi qui n'ai pas su (ou pu) faire le chemin (voire l'effort) nécessaire pour accéder à ce qu'il pouvait me donner.

J'ai moi-même eu une approche difficile du cinéma de Fassbinder et il m'a fallu beaucoup d'efforts pour arriver à visionner en entier un de ses films. Depuis je m'y suis fait et j'arrive même à l'apprécier.
Il a écrit le scénario d'une mini série que je trouve remarquable, Berlin Alexanderplatz. Elle passe en ce  moment sur canalsat.

Oui , j'ai connaissance de cette série qui a effectivement bonne réputation.
L'oeuvre de Fassbinder me parait être tellement dense que j'ai quelques réticences à m'y atteler , de surcroit après cette expérience assez compliquée.
J'avais apprécié Tout les autres s'appellent Ali visionné il y a une bonne dizaine d'années et qui m'avait paru plus facile d'accès.