Dernier film visionné

J'ai profité de sa diffusion sur TCM pour enfin voir ce film trop rare qui avait défrayé la chronique de l'époque en raison de la violence gratuite qui y est montrée. Le sujet pourtant n'était pas nouveau puisqu'il reprend celui d'un téléfilm, Ride with terror, écrit par le même scénariste et avec déjà Tony Musante dans le rôle principal.
Ce qui aurait pu être un film banal sur la délinquance prend ici une toute autre dimension en raison du choix du traitement et de la qualité de l'interprétation. Pendant une longue première partie Larry Peerce choisit de nous présenter tous les passagers de cette rame où va se dérouler le drame. D'abord les deux voyous Joe (Tony Musante) et Artie (Martin Sheen pour son premier rôle sur grand écran) qui prennent plaisir à attaquer et molester les passants solitaires. Figures atypiques pour l'époque qui vont plus tard envahir les écrans notamment avec les sagas  Un justicier dans la ville ou L'inspecteur Harry. Ensuite les autres passagers dans un casting de haute volée avec Gary Merrill, Beau Bridges, Thelma Ritter, pour les plus connus. Tous ces personnages forment un panel de la middle class comme les jurés de 12 hommes en colère. Presque tous ont des problèmes qui les empêchent d'accéder au rêve américain plus chimérique que jamais. Le fait de les connaître va permettre au spectateur de mieux ressentir la peur qui les envahit pendant le trajet.
Les deux tortionnaires vont détecter grâce à la frayeur qu'ils inspirent les points faibles de chacun des passagers et étaler ainsi les tares de cette société que le réalisateur connait bien, lui même étant natif du Bronx. Tout y passe homophobie, alcoolisme, racisme, haine transgénérationnelle et surtout la lâcheté. Seul un des passagers va se révolter et comme par hasard c'est le seul qui ne soit pas new-yorkais. L'interprétation est parfaite et le spectateur est prisonnier de cette équipée cauchemardesque jusqu'au dénouement que je ne vais pas révéler ici.

Un film choc qui m'a cloué au fauteuil mais qui malheureusement n'est presque jamais diffusé sur les écrans (il a même été frappé d'interdiction en Grande-Bretagne).